lundi 14 juillet 2014

AM par Alexandre Mazzia: oh mazette


Pardon pour ce titre en carton mais je crois que tout a été fait, y compris par moi-même. Et puis j'ai d'autant moins envie de faire référence au Ventre (celui de l'architecte, le resto de la Cité radieuse, où Alexandre a passé quatre ans) que je ne l'ai pas connu au Corbusier. Ce mardi, une semaine après l'ouverture, c'était un peu une rencontre In Real Life avec la cuisine d'un type avec qui j'avais adoré parler et sur lequel écrire. 
Et la même peur, après un coup de fil te disant que c'est bon, quatre cafés cent bornes et une petite razzia à Mistrigriff, que chez un autre Alexandre: est-ce que ça va coller? 
Je me dis que ça doit être un peu comme ça, un rendez-vous Meetic, et puis...


Biscotte végétale. Plat phare parce qu'il y a dans et sur ce pain aux noix croustillant toute la complexité qui fait qu'Alex n'a pas volé ce surnom un peu facile d'architecte. Mais pas signature parce qu'il n'y raconte pas tout. Pour autant, je suis à ma table comme à un concert d'Arcade Fire: ça démarre d'entrée.



Dans ce même envoi, une gillardeau n°1 flanquée d'une poudre croustillante d'épices, et intelligemment taquinée par l'acidité du fruit de la passion. Mazzia comme métissage heureux.


Et puis du lait fumé servi dans un bol qui me fait penser à un poisson porc-épic. C'est doux, avec des oeufs de truite qui font pop en bouche. On est en éveil maximal, déjà.


Couteau/ananas/miso de coquille d'huître. Vous imaginez aisément comme l'aspect récup a pu plaire à Bibi... Au-delà, dans cette demi-sphère où chaque cuiller est différente, il y a tout. Le poulet du dimanche avec la peau croustillante. Les virées en bord de mer. Les souvenirs de voyage au bout du monde avec ces petits cubes d'ananas dont l'acidité me tire de ces douces nostalgies. Bluffée.


Chou-fleur/encornet/citron. 


Maigre au charbon/panais fumé/lait d'arêtes. Hommage à Soulages... L'autre facette d'Alexandre, le cuisinier qui aime les peintres et les architectes.


Saumon brûlé au satay/tapioca/sorbet wasabi. L'Afrique, l'Asie... C'est diablement intelligent et ça a un sacré goût de reviens-y.


Pigeon/brocoli/framboise/harissa. Tant qu'on y est, Alexandre continue de bousculer mes repères. Après un diabolique shot de framboise-harissa (qui me perturbe un peu moins que d'autres dans la salle parce que je connais Georgiana;-), le bonbon c'est le pigeon qui a mariné dans l'huile d'olive. Le voile de framboise harissa te bouscule malgré ses allures pâtissières, et c'est le brocoli qui te réconforte... Confirmation s'il en était besoin, ce type est un grand.


Je me suis drapée dans Ben Harper quand arrive le premier dessert: avocat/chocolat blanc/sureau/poudre de bacon et citron/goyave. Je pense à la cueillette manquée cette année.


Lait de petits pois/framboises/gingembre fermenté. De ces caresses qui te tiennent éveillée.


Campari orange/lait d'amande.


Fini. Un de ces repas dont tu sors sinon grandie, un peu différente, à la manière d'un concert qui t'énergise longtemps après. 


Sur la route du retour, tous ces goûts en tête, je m'étonne d'avoir été aussi séduite par une cuisine qui n'appartient à aucune territoire. Avant de comprendre que c'est justement parce qu'elle incroyablement personnelle. Elle pourrait s'écrire ailleurs, bien sûr. Mais je crois qu'Alexandre a bien fait de rester ici, juste parce qu'il y est bien dans ses baskets qu'il ôte après le service. Et qu'il n'a pas fini de grandir.
A très vite.

AM par Alexandre Mazzia, 9 rue Rocca, Marseille 8e. Menus carte blanche 35€/49€ (midi) 69€/87€ (soir). 04 91 24 83 63 

1 commentaire:

Mumu a dit…

Waouhhhh.... Un vrai feu d'artifice de 14 Juillet!!!