Bournissac, comme à la maison. Et une assiette colorée: avocat/mangue/chou-fleur

Je le confesse: je fais (trop) peu de tables par ici. Pour ma défense, des finances désastreuses, une logistique complexe et une pincée de snobisme ayant poussé à ce deal avec l'affreux: une fois par an, au moins, une table qui nous fait rêver, et si c'est à l'autre bout du pays c'est encore mieux ça nous fait un thème d'escapade.
Autant vous dire qu'au train où vont les choses, c'est ceinture sinon va falloir taper dans le livret A pour se payer La Marine. En attendant, les balades dans le coin, c'est pique-nique.

Fin de la complainte. Car heureusement on m'invite à de jolies découvertes. Je prends des notes pour plus tard et je partage.

Soir de mistral glacial. Je laisse la dinde à son père et m'aventure sur les routes des Alpilles battues par les vents jusqu'à la maison de Bournissac. Christian Peyre organise une petite sauterie pour fêter son titre de Maître restaurateur. 

L'homme n'est pas bavard, sauf quand il s'agit de parler de cette bâtisse du XVIIe dont il semble amoureux. Dans l'ancienne écurie où aucun bruit ne laisse imaginer les rafales dehors, on papote entre deux mikados de tempura.

Et puis arrive une bouchée où on saisit toute l'intelligence d'un cuisinier: une crème de chou-fleur ravivée par des dés de mangue au gabarit parfait pour surpendre juste ce qu'il faut; l'acidité vient réveiller la douceur sulfurée. On est bien.

Quelques semaines et deux dizaines de degrés plus tard, une assiette inspirée de ce moment.

Mangue tranchée à la mandoline, dés d'avocat, neige de chou-fleur.

Sel pyramidal et balsamique blanc.

Merci.

Domaine de Bournissac, montée d'Eyragues, Palud-de-Noves. 04 90 90 25 25.

Asperges/caviar/chèvre/matcha en ce moment!