(Et le grand retour du salé on the blog. Parce que non, je ne mange pas que des panna cottas. Mais comme on dîne à l'heure où tout le monde dort -- notez la blagounette dès la deuxième phrase, ça commence très fort --, il fait un peu noir, et on a trop faim pour transformer le salon en studio photo. Donc les plats sont vite catalogués not bloggables. Je fais une exception, les photos sont un peu indignes, mais le plat était bankable, trust me). A part ça, je voulais partager avec vous mon problème capillaire (oui, z'avez le droit de titiller la souris pour passer directement à la recette...) Mais ne vous inquiétez pas, c'est pas rapport à ce p... d'épi -- mes parents ont pas parfaitement géré le cocktail génétique, mais je leur en veux pas -- et à cette mèche rebelle qui doit pourtant impérativement couvrir cette p.. de bosse.Mon problème concerne mes relations humaines délicates avec celles qui s'occupent de ma frange. Non parce qu'autant, la masseuse, c'est clair, tu lui parles pas, c'est pas l'idée. Autant la coiffeuse, en principe, elle parle. Et pas que de l'anatomie de mon front ou des trucs blancs, là, sur les tempes (ça j'ai du mal à en parler). Et ça fait au moins aussi mal à la tête que quand elle tire comme une folle en te faisant un brushing que tu vas tout défaire à peine sortie.
La coiffeuse a toujours été, vous le savez, une météorologue experte (bizarrement, sans jamais s'étendre sur le fait que ce p... de mistral, ça craint pour les cheveux). Aujourd'hui la crise en fait une macroéconomiste difficile à contredire.
Y en a pourtant qui y arrivent. L'affreux m'assure qu'avec lui, elle insiste pas. La méthode consisterait à répondre extrêmement froidement au premier constat météorologique, et la coiffeuse s'arrêterait là. Troquerait ses "ah, c'est dur en cemoment, hein?" contre quelques "un peu plus court là, M'sieur?". Imparable.
Moi, j'sais pas faire ça. Je suis bien embêtée de ne pouvoir invoquer la déformation professionnelle -- les gens ont toujours quelque chose d'intéressant à raconter tout ça tout ça -- pour me justifier. Et je suis bien obligée de reconnaître que là aussi, ça doit être dans mon patrimoine génétique, j'ai une très très grande capacité à causer météo avec des inconnus.
Et faut croire que j'aime ça. Car j'ai fait un étrange constat. Il y a pire qu'une coiffeuse qui ne s'arrête pas: une coiffeuse qui parle pas. Oui, j'ai vécu un grand moment de solitude sous les doigts d'une silencieuse. J'ai essayé la météo, zéro. La cuisine, avec mon Régal sur les genoux. Que nenni.
Nouveau marketing Biguine: oubliez tout ce que vous appris au Centre de formation aux conversations inintéressantes (cf Boulet). N'emmerdez pas les clients. Même s'ils essaient.
J'ai changé de salon. Raconté la glauquitude de ma dernière coupe à la brunette, sidérée. On a disserté sur la structure de nos franges respectives (j'adoore intellectualiser sur ce genre de trucs). Parlé de plein d'autres trucs vachement intéressants que je tairai ici. Savez, un peu comme les gens sympas dans le train. Tu peux leur raconter ta vie parce que tu les reverras jamais. Donc faut que je rechange la prochaine fois. C'est con, elle avait bien bossé, j'avais pas du tout l'air d'une pute à frange.
Alors, dans ces assiettes, y avait bien tout ce qui figure dans le titre, même si ça se voit pas sur la photo. J'ai évidemment pas tout fait d'un coup, je vous laisse vous organiser et gérer les proportions, sachant que ça peut faire plat principal ou entrée...
Chips de betterave
Eplucher une betterave crue, taillez comme vous pouvez des tranches fines avec un rasoir à légumes, ou avec votre mixeur, si vous avez une fonction pour ça. Les disposer sur du sopalin sans qu'elles se chevauchent (c'est important), en mettre un autre par-dessus et presser pour bien les essuyer. Les passer dans la farine et bien secouer pour qu'il n'y ait pas de résidus. Faire frire dans la friteuse ou à la poêle dans beaucoup d'huile bien chaude. Réserver sur un sopalin. J'ai pas salé, et j'ai pas franchement regretté.
Butternut
Elle figurait sous deux formes. En crème (sans crème, btw) et en tranches presque crues revenues dans de l'huile de sésame. Pas très intéressant à part pour le contraste des textures. Sinon, pour la crème, c'est comme dans la chicissime assiette de légumes du Cookie: cuit à la vapeur, salé poivré, écrasé à la fourchette, allongé avec un peu d'eau.
Saint-Jacques au sel & cacao
Les Saint-Jacques sont juste rôties dans une poêle avec un poil (warf d'huile d'olive), disposées sur la butternut bien chaude et saupoudrées d'un mélange de fleur de sel (au besoin un peu écrasée au mortier), et de cacao. Ici, des copeaux de bâtons kako martiniquais, sinon je pense qu'avec du cacao amer en poudre ça le fait tout à fait. Grave. J'avais vu ça chez Trish je crois. Sur les Saint-Jacques, ça fonctionne à merveille. Truly, madly...
Pour le reste, j'ai tenté un caramel avec l'eau de cuisson de la betterave, mais je peux pas en parler, je l'ai fait cramer.
Et si comme moi vous avez une belle-mère sur la Côte et des bocaux de citrons confits (au sel) à gogo, allez-y.
By the way, j'allais oublier une information de la plus haute importance. J'ai vaincu la pâte à choux. Mon nouvel ennemi, le fondant.
Et sinon, entendu à Deauville sur les télés retransmettant des images de Paris des chefs, William Ledeuil m'avait mis la puce à l'oreille avec son aïoli au gingembre. Je l'ai fait faire à un intégriste, c'est top mais c'est le nouveau sujet de désaccord après le yuzu.
Et dernière chose: cette photo a été prise dans le Sud de la France, le 10 mars 2010. Y a plus d'saison ma pov'dame, les coiffeuses ont raison...